ÉPISODE 3
L’enquête démarre vite et les premiers résultats tombent. Malheureusement, ce ne sont pas de bonnes nouvelles. La villa d’Affaurgis a été louée sur le site AirB’nB avec une carte de crédit volée qui n’a servi qu’à ça. Les quinze agents de la police scientifique envoyés sur les lieux n’ont trouvé aucune empreinte utilisable. Seules les traces de pneus laissées dans le garage permettent de déterminer que le kidnappeur a enlevé Mme Eaglemoss dans une camionnette de type Jumper.
Quant aux écoutes téléphoniques, elles n’incriminent aucun membre de la famille et aucun des amis d’Angela
Après cinq jours d’enquête infructueuse, enfin, une preuve arrive. En effet, le 26 avril, vers 16 :00, Pierre Rousselot, journaliste mais surtout paparazzi, débarque au commissariat de la rue de la Faisanderie et demande à voir le directeur d’enquête : il a des photos à montrer.
L’agent à l’accueil décroche son téléphone et prévient le commissaire Ballini. Celui-ci fait monter Rousselot dans son bureau.
— Bonjour, Monsieur. Asseyez-vous. Que puis-je pour vous ?
— J’ai peut-être quelque chose qui pourra vous intéresser.
— Des photos, c’est ça ? Montrez-moi.
Aussitôt, le journaliste sort de son sac un Ipad et l’allume avant de le pousser vers le commissaire. Sur l’écran, ce dernier aperçoit une image montrant l’Audi de Mme Eaglemoss et Maurice Van Decker. Sur cette photo, on peut apercevoir le garde du corps en pleine discussion avec un individu vêtu d’un long manteau noir, les mains gantées.
— Où avez-vous pris cette photo ?
— Comme vous pouvez le constater, je suis photographe. Au début du mois, j’étais en planque devant le domicile de Mme Eaglemoss et j’attendais qu’elle sorte. Soudain, sa voiture est arrivée et le chauffeur est descendu. Et puis quelques minutes plus tard, ce type en manteau noir est arrivé et ils ont discuté de longues minutes. Comme j’avais rien de mieux à faire, j’ai pris quelques photos des deux hommes. Au bout d’un moment, le type est repartit. Mme Eaglemoss est arrivée, et ils sont partis.
— Pourquoi vous m’amenez cette photo ?
— Parce que leur conversation avait l’air animée et comme votre enquête patine, je me suis dit que ces photos pouvaient vous mener à une piste.
— Est-ce que vous aviez déjà vu cet individu devant l’immeuble de Mme Eaglemoss ?
— Oui, effectivement, une semaine plus tôt, je l’avais déjà aperçu dans les parages.
— Très bien. Je vous remercie. Nous allons examiner ça avec attention.
Aussitôt le paparazzi reparti et les clichés enregistrés, Ballini fait un agrandissement du visage de l’homme en noir et demande à ses hommes de vérifier s’il est fiché au TAJ, le traitement des antécédent judiciaires.
Quelques heures plus tard, le verdict tombe : l’homme en noir s’appelle Antoine Descault et il est connu pour divers délits – vols de voitures, agressions, vente de stupéfiants, etc.
Dans le même temps, Ballini a fait arrêter Maurice Van Decker et l’a placé en garde-à-vue. Au moment où l’identité de Descault arrive sur son bureau, le garde du corps décide de passer aux aveux :
— En effet, je connais Antoine Descault depuis plusieurs années. C’est lui qui m’a proposé cette affaire. On devait se partager la rançon. Il a imaginé toute l’histoire. Il a dragué Angela en se faisant passer pour un homme riche : Lucas de Toanatien – qui est l’anagramme d’Antoine Descault. Et moi, je devais conduire Mme Eaglemoss jusqu’à la villa d’Auffargis. Et pour que ça paraisse véridique, Antoine m’a vraiment taser. Je devais ensuite prévenir la police pour me mettre hors de cause. Et après, on devait se relayer pour la garde d’Angela en attendant que Ludwig ramène le butin.
Van Decker se tait et le commissaire Ballini demande :
— Où avez-vous mis Angela ?
Transpirant, le cœur battant à rompre, le visage blême, les yeux bougeant dans tous les sens et se rongeant un ongle, Maurice bégaye :
— Le bois Boissel.
— C’est où ça ?
— Saint Brieuc.
Dans les minutes qui suivent, Maurice Van Decker donne des détails qui permettent à Ballini de localiser une maison abandonnée dans le bois Boissel grâce à Google Map. Elle se trouve à 450 km de Paris.